Plan général de l'exposition universelle de Roubaix en 1911

Plan général de l'exposition universelle de Roubaix en 1911
Ce plan montre l'étendue de l'Exposition Universelle de Roubaix en 1911. Celle-ci était installée aux abords du parc Barbieux et du nouveau Grand Boulevard de Lille à Roubaix et Tourcoing (sur la branche entre le Croisé Laroche et Roubaix). Cette manifestation internationale fut implantée sur les territoires des villes de Roubaix et de Croix dans les quartiers actuels de la Duquenière, du Créchet et du Fer-à-cheval. Une partie des installations avaient trouvé place dans le parc Barbieux lui-même (Gilbert Sayet tome 1 page 86 Collection privée ©)

Les illuminations

L'exposition était ouverte de 9h à 18h et certains jours jusqu'à 23h. Ces soirs là le parc était éclairé comme on le découvre sur cette vue du lac illuminé. Il y eu même des feux d'artifice. Les illuminations avaient lieu 3 soirs par semaine, plus les jours fériés.


Une installation électrique conséquente


Dans l'ouvrage de Gilbert Sayet le chapitre consacré aux " Services Mécaniques et Electriques " des pages 414 à 418 fournit des informations intéressantes sur l'installation électrique de l'Exposition. Il y avait deux types d'éclairage pour les allées. Les ampoules étaient suspendus à des poteaux en bois. Celles-ci de formes globuleuses ou oblongues étaient dirigées vers le sol, sans aucun réflecteur vraiment utile. 


Sur la vue ci-dessus, l'installation électrique du village flamand est particulièrement bien visible avec le cheminement des fils électriques et l'ensemble des globes lumineux qui éclairent le kiosque et les musiciens. Ci-dessous au niveau de l'avenue des Grands Palais, on retrouve les mêmes alignements de poteaux électriques avec des luminaires différents. 



Des guirlandes lumineuses d'ampoules électriques multicolores étaient tendus entre différents bâtiments, comme on le découvre sur les vues suivantes du Palais des Mines.


Ces guirlandes rejoignaient des blasons eux-mêmes pourvus d'une multitude d'ampoules, comme on peut le remarquer sur les deux cartes postales suivantes, l'une des vues est prise à proximité de l'entrée monumentale au niveau des pavillons des Colonies et de l'Indochine et l'autre devant le stand de l'éditeur des cartes postales Laffineur-Samin. On distingue également un réverbère au fond sur la droite de cette dernière carte.



Certaines installations sont directement fixées sur les stands extérieurs comme la lanterne ci-dessous, sur l'établissement ventant la bière supérieure de l'Union Roubaix Wattrelos. Il s'agit d'un système assez identique à celui qui commence à éclairer les rues.




Les cafés (comme La Laiterie ci-dessous), les tavernes (comme la taverne flamande et la taverne Forestier), les restaurants (Restaurant Duval ou Grand Restaurant français) et le Casino bénéficiaient d'un éclairage particulier. De même les attractions du Luna Park et le village sénégalais situé juste à côté de celui-ci.



Certains pavillons étaient particulièrement bien mis en valeur, comme celui de l'Argentine.


Les accès à l'exposition étaient également éclairés, comme le montre cette très rare vue du Boulevard de Paris (actuel Boulevard du Général de Gaulle), issue d'une collection personnelle ©.



Les éclairages intérieurs

Il est parfois noté que nous possédons peu de vues de l'intérieur des bâtiments, une des explications tiendrait au fait que les photos ne pouvaient être réalisées dans de bonnes conditions compte tenu de la faiblesse des éclairages. Cette explication n'est guère satisfaisante, car l'ensemble de l'Exposition Internationale de Roubaix bénéficiait d'une installation électrique surprenante. Les Grands Palais notamment celui des machines textiles ont été souvent reproduits, bénéficiant de plus d'un éclairage naturel grâce à des immenses verrières, mais aussi d'une distribution électrique abondante nécessaire au fonctionnement de toute cette machinerie, dont le câblage était habilement dissimulé. 


Feux d'artifice


Voici les quelques lignes parus dans l'ouvrage de Gilbert Sayet au sujet des Feux d'Artifices puis des illuminations


Feux d'Artifices (page 592)


Le chapitre des fêtes et distractions de l'Exposition, peut se clore par l'indication de quelques feux d'artifice qui furent tirés, par intervalles, sur la pelouse du parc de Barbieux et qui, tous, attirèrent beaucoup de curieux. Ces feux d'artifice ne furent pas aussi nombreux que le désirait le public et que l'aurait voulu le Comité d'Initiative. Le souci d'éviter, jusqu'à la plus petite cause d'incendie dans l'enceinte de l'Exposition, en fut la raison dominante.


Les Illuminations (page 94)


Enfin, le coup d'œil d'ensemble de l'Exposition permettait de découvrir partout des motifs d'éclairage et d'illumination, disposés avec un tel esprit décoratif que les multiples effets de formes et de couleurs qu'il devaient produire le soir, une fois allumés, faisait pour l'Exposition l'une des merveilles, qui soulevèrent l'enthousiasme de ses visiteurs. Le plan en avait été conçu et exécuté par Monsieur l'Ingénieur Electricien Juéry, le très habile directeur de la Société " l'Energie Electrique du Nord de la France ".


Les Illuminations de l'Exposition (pages 592 à 595)


Les illumination ne furent pas la moindre des attractions de l'Exposition. On vint tout exprès de loin, pour les voir, tant la réputation méritée qu'elles s'acquirent, dès le premier jour, fut grande et réelle. Il serait puéril d'insister, sur l'immense succès qu'elles obtinrent, auprès de tous ceux qui eurent la bonne fortune de pouvoir leur consacrer une soirée.
Elles constituaient, on ne saurait trop le redire, un véritable chef-d'œuvre qui était mis en valeur par un cadre incomparable. C'est M. Juéry, le distingué directeur de " l'Energie Electrique du Nord de la France " et des services électriques de l'Exposition, qui en conçut le plan et qui l'exécuta avec la collaboration de M. André Rabany, Ingénieur des mêmes services. Ce dernier voulut bien en faire dans le " Nord Illustré " une description qui trouve sa place ici : 
 Le promeneur qui franchit le soir la porte de l'Exposition, disait M. Rabany, ne peut se défendre d'un cri de surprise à l'aspect de la féerie lumineuse qu'il a sous les yeux. 
 Ce premier mouvement, justifié par la profusion de la richesse des coloris, étant réprimé, il voit se détacher quatre grands pylônes supportant chacun à 16 mètres de hauteur, un groupe de puissantes lampes à arc qui projettent leur lumière sur l'esplanade d'entrée ; des cordons lumineux relient le sommet de chacun d'eux à l'écusson aux armes de la ville de Roubaix, placé au-dessus du fût et agrémenté de guirlandes et de branches d'olivier.
 Le visiteur s'engage sous l'avenue de Jussieu dont tous les arbres sont reliés par une série de festons de ballons orange sur chacun des côtés de l'allée.     L'entrée et les carrefours sont signalés par des guirlandes transversales lumineuses perçant de point en point la voûte continue des arbres. 
 L'œil s'égare à suivre ce long ruban incandescent qui paraît s'amortir au loin dans le feuillage… Mais, dès les premiers pas, l'attention est attirée par un grand portique dont le motif principal est constitué par un panneau aux armes de la ville de Roubaix, encadré de rameaux d'olivier qui se relient par des galbes de ballons aux écussons placés au-dessus des corniches des deux colonnes doriques qui supportent l'ensemble. Chaque colonne est prolongée par un fût, au sommet duquel est placée une couronne mauve d'où se détachent des spirales incandescentes.
 Ce portique donne l'accès dans l'avenue des Palais où un brillant éclairage met en valeur les façades claires des bâtiments reposant sur les plates-bandes garnies de massif d'arbustes aux tons foncés, d'où émerge une psyché ou un vase antique. 
 Chacun des candélabres supportant les lampes à arc, a reçu, comme motif principal un panonceau de style Louis XVI composé d'un écusson agrémenté de fleurs et de feuillage aux couleurs variées ; au sommet, une palme lumineuse termine heureusement l'ensemble de la décoration. Une guirlande de lampes perles blanches reliant tous les panonceaux forme de chaque côté de l'avenue un cordon lumineux ininterrompu. 
 Devant la porte principale du Grand Palais est édifié, en forme d'hémicycle, une colonnade Louis XVI coupée de trois entrées ; celle qui est placée au sommet fait communiquer l'avenue des Palais et l'avenue de Jussieu ; les deux autres, de dimensions plus petites, donnent accès vers les coquets pavillons. Les chapiteaux des colonnes sont réunis par un bandeau de corniche surmonté d'une frise, sur laquel(le) s'enchevêtre une glycine en fleurs parsemée de lampes aux tons assortis.
 À l'extrémité de l'Avenue se profile la Kermesse Flamande, dont les bâtiments XVIIe siècle ont été silhouettés par des cordons de lampes aux tons clairs, tandis que l'on a répandu à profusion dans " Luna Park " des guirlandes de ballons et de fleurs multicolores, vraie parure bariolée en harmonie avec la bizarrerie des constructions. 
 En quittant cette atmosphère foraine, le promeneur passe sous trois grands portiques en papillons aux ailes multicolores, et arrive au kiosque à musique qui, de loin semble un globe de lumière placé sous une voûte de verdure. 
 À l'intérieur, des guirlandes de lampes perles partant du centre pour se rattacher aux dix pilastres de fonte donnant l'éclairage nécessaire aux musiciens. De ces pilastres se détachent des lambrequins et croisillons de lampes blanches et or formant un velum lumineux où séjourne le public amateur de musique.
 Quelques lampes à arc dissimulées dans le feuillage et un serti de fleurs lumineuses aux tons plus foncés, donnent à l'allée d'arbres une lumière douce formant contraste avec la clarté vive du centre. 
 S'arrêtant sur l'avenue qui borde le lac, le visiteur a devant lui une vision féerique : c'est, réalisé, le jardin nocturne et paradisiaque tel que se plaît à le bâtir l'imagination vagabonde aux heures de songeries ; au loin, la voûte de feu que forment les arceaux lumineux du Boulevard de Paris, au second plan un paon majestueux aux ailes déployées ; en avant, un envol d'ibis lumineux s'échappant d'un massif de saules ; puis ça et là, dans tout le val, chaque arbre a reçu des guirlandes de fleurs lumineuses aux couleurs et aux dispositions variées : les unes en forme de festons et de chutes, les autres dessinant le squelette de l'arbre.
 Trois papillons nocturnes se sont posés sur le talus gazonné ; au-dessus, les fleurs aux couleurs argentées éparses dans les massifs d'arbres scintillent, tandis que les grands peupliers oscillant lentement, entraînent leurs longues chutes pleureuses blanches, vertes, roses… 



Au pied de la villa Chasse et Pêche sont disposés sur l'herbe des motifs lumineux (cerclés en rouge), les papillons évoqués dans l'article du Nord Illustré du 15 août 1911 repris par Gilbert Sayet dans son rapport de 1912. Accrochées dans l'arbre on distingue les boules électriques. Il est intéressant de comparer cette vue avec d'autres prises au même endroit où les installations électriques ne figurent pas.

 Le lac s'étend à leurs pieds, ceinturé de lampes de couleur or qui se reflètent dans l'eau, et dont la continuité n'est troublée que par quelques bouquets d'iris lumineux et quelque anfractuosité de roches aux colorations variées. 
 L'électricité a fait naître une végétation extraordinaire à la surface de l'eau : fleurs aquatiques, flaques irrégulières de nénuphars qui, au crépuscule se sont mises à briller d'un vif éclat. 
 Pour retrouver le cours d'eau qui alimente le lac, le promeneur se dirige vers l'avenue Le Nôtre, dont la masse épaisse des platanes est parsemée de ballons oranges, puis redescend vers la petite rivière pour en suivre le cours nonchalant et tortueux ; ses rives sont serties d'un cordon incandescent de lampes or, coupé en maints endroits par un bouquet d'iris lumineux, blancs ou jaunes. Chaque massif de roseaux et de feuillage, chaque roche contre laquelle vient se briser l'eau, dissimule un groupe de lampes qui émet des lumières aux couleurs diverses. 
 À un brusque détour de la rivière, la grotte apparaît, telle l'entrée d'un paysage des " mille et une nuits " ; du fond, jaillit une coloration bleue verdâtre qu'encadrent les flancs du rocher aux tons verts et jaunes ; les grands arbres reliés entr'eux par des chutes et des guirlandes de fleurs mauves, roses et blanches, relient ce massif coloré à la perspective des ballons oranges de l'avenue Le Nôtre. 
 Cet aperçu rapide et forcément incomplet, ne peut donner qu'une idée approchée de la décoration lumineuse des jardins à l'Exposition obtenue grâce à l'électricité. Le visiteur jugera, par les résultats obtenus, à quel degré d'asservissement a été amenée la fée souple et bienfaisante. 
 L'ensemble des illuminations comprend près de 60 000 lampes à incandescence auxquelles l'énergie est amenée par de multiples canalisations. 
 Mais ce n'est pas tant dans la quantité de lumière répandue qu'il faut chercher le succès, c'est plutôt dans la répartition judicieuse des foyers lumineux. Le cadre était merveilleux, il suffisait, en faisant appel à l'art et la technique, de suivre la disposition dictée par la nature pour obtenir un ensemble de visions harmonieuses. 
 Tandis que l'avenue des Palais est le siège d'une manifestation puissante et riche en lumière, les allées ombragées du jardin où règne une lumière discrète et enveloppante resteront les lieux de promenade favorite des mélancoliques et des rêveurs ; l'ensemble aura puissamment contribué, croyons-nous, au succès de l'Exposition de Roubaix. 


Il n'y a rien à ajouter à ce tableau frappant de vérité. Ceux qui vécurent de la vie Roubaisienne, ne fût-ce qu'une heure, le soir, pendant la durée de l'Exposition, en garderont un souvenir ineffaçable.


Services Mécaniques et Electriques





Gilbert Sayet nous donne dans les pages 414 à 418 de son rapport général une description très intéressante des services électriques et mécaniques de l'Exposition Internationale de Roubaix :



Dans une exposition comme celle de Roubaix qui affectait aussi nettement le caractère d'une grande manifestation industrielle, les services mécaniques et électriques devaient occuper une place plus importante pour satisfaire à la fois, aux divers besoins des exposants (en vue d'assurer le fonctionnement des nombreux appareils mécaniques et électriques exposés), aux divers besoins des concessionnaires de stands et d'établissement de toutes sortes (éclairage, chauffage et ventilation des stands, dioramas, restaurants, casinos et débits de toutes marchandises) et enfin aux services généraux d'éclairage de l'ensemble de l'exposition dans ses avenues et jardins qui devaient aux heures d'illumination, revêtir une parure de feux étincelants. 
Pour répondre à ces divers besoins on avait estimé que la puissance nécessaire serait d'environ 3 500 à 4 000 HP et pour satisfaire, le Comité s'était assuré le concours, d'une part, de la " Société Energie Electrique du Nord de la France " qui, de sa station centrale de Wasquehal, distribue l'énergie électrique dans toute la région de Lille, Roubaix, Tourcoing et, d'autre part, d'un certain nombre de constructeurs de la région qui pouvaient ainsi, exposer leurs matériels en fonctionnement. 



Production de l'énergie. 



Les trois constructeurs devant produire l'énergie dans l'exposition (Compagnie de Fives-Lille, Maison Jean Crépelle et Maison Dujardin et Cie) s'entendirent avec des constructeurs de générateurs pour former une sorte de station centrale unique de production, composé des éléments exposés par chacun d'eux. 
Les générateurs furent disposés en une batterie installée en arrière du Palais des Machines, qui comprenait : une chaudière Sterling de 300 mq de surface de chauffe, une chaudière multitubulaire, système Kestner, de 200 mq de surface de chauffe, et une chaudière à deux foyers intérieurs, de la Maison Crépelle-Fontaine, ayant 100 mq de surface de chauffe. 
Ces générateurs étaient munis de foyers de Underfeed-Stocker, d'économiseurs et de tous les accessoires généralement en usage. 
Les générateurs étaient alimentés en eau de la ville préalablement épurée, dans un épurateur exposé par la Société Anonyme " L'épuration des Eaux ", le tirage des foyers et l'évacuation des gaz de la combustion était assurés par une installation de tirage mécanique exposée par la maison Louis-Prat. 
La vapeur produite par le générateur était envoyée dans un collecteur général en acier sur lequel étaient greffées les prises de vapeur de chaque groupe électrogène. 
Ces derniers comprenaient : un turbo-alternateur de 500 kw exposé par la compagnie de Fives-Lille ; une machine à vapeur de 800 HP exposée par la maison Dujardin et Cie, avec un alternateur de 500 kw, des ateliers de Jeumont, une machine à vapeur de 500 HP de la maison Jean Crépelle. 
La condensation de la vapeur, pour ses différentes unités, était assurée par un groupe condenseur central, système Westinghouse-Le blanc, installé en sous-sol du Palais des Machines, qui prenait l'eau froide dans un bassin de réserve disposé en arrière de la batterie de générateurs, et renvoyait l'eau chaude, dans un réfrigérant exposé par la Maison L. Schwartz et Cie, et installé au-dessus du bassin de réserve d'eau. 
Enfin, de nombreux appareils accessoires exposés par différents constructeurs, étaient en fonctionnement sur ses installations. 
L'énergie produite par les groupes électrogènes avait été uniformisée à la forme de courant triphasé à 50 périodes par seconde, élevé à la tension uniforme de 10 000 volts, en vue de permettre, d'une part la marche, en parallèle, des différents groupes et d'autre part, l'usage d'une partie importante de matériel, mis à la disposition du Comité par " l'Energie Electrique du Nord de la France " qui distribue le courant, sous cette forme dans la région. 
Cette uniformité générale des constantes du courant était en outre nécessaire pour obtenir dans l'exploitation, toute la souplesse indispensable en vue de satisfaire aux exigences des besoins de la dernière heure et qu'il était matériellement impossible d'escompter, dans les projets de cette nature. 


Distribution de l'énergie. 


Le courant à 10 000 volts provenant, soit des groupes électrogènes, soit de " l'Energie Electrique du Nord de la France ", était réceptionné un tableau général de distribution, installé sur une plate-forme disposée en élévation, dans le Palais des Machines, d'où il était envoyé à 10 postes de transformation, répartis dans l'enceinte de l'Exposition. 
Le transport du courant à 10 000 volts était fait par câbles armés, enfouis dans le sol, depuis le tableau général jusqu'aux postes de transformation. 
Ces derniers étaient dissimulés, soit derrière les Palais, soit dans les massifs d'arbustes du Parc, et comprenaient : un ou deux transformateurs abaissant la tension de 10 000 à 210/120 volts, un tableau de distribution du courant, à basse tension, ainsi que tous les appareils de mesure et de protection nécessaires. 
De chacun de ces postes l'énergie était distribuée dans sa zone de répartition, sous forme de courant triphasé à 50 périodes par seconde et à la tension moyenne de 210 volts entre chaque fil de phase (pour la force motrice) et de 120 V entre chaque fil de phase et le fil neutre (pour l'éclairage). Cette distribution était faite par des canalisations aériennes, supportées par des poteaux ou consoles. 
Étant donné la division en nombreux secteurs de distribution, ces canalisations avaient pu être réduites à de très faibles sections, de façon à passer inaperçues aux yeux des visiteurs. En outre, ces divisions en secteurs présentaient l'avantage d'avoir une tension à peu près uniforme dans tous les points de l'Exposition, les pertes de charges étant très faibles, et de plus rendaient indépendants les divers secteurs les uns par rapport aux autres, en cas d'accident dans un des secteurs. 


Répartition de l'énergie. 


L'énergie transportée par ces canalisations était répartie dans chacun des secteurs, tant dans les jardins et avenues que dans l'intérieur des Palais dans lesquelles elles étaient placées, à la partie supérieure, le long des poutres principales avec lesquelles elle paraissaient se confondre sans heurter l'œil. 
Partout où elles devaient être dissimulées par des vélums ou tentures, ces canalisations furent faites en câble isolé.
 Les branchements, pour desservir chaque exposant ou abonné, étaient greffés sur ces canalisations et enfermés dans des tubes isolants armés avec coupe-circuits fusibles au départ de chaque branchement, fusibles disposés à l'abri de toutes matières inflammables et protégées par des boîtes métalliques. À l'arrivée dans chaque stand ou établissement, le branchement comportait un compteur, un interrupteur général avec coupe-circuit enfermé dans un coffret et un tableau de distribution. 
Les installations des exposants et abonnés devaient, en outre, être établies conformément au " Règlement Spécial ", édicté par les services Electro-Mécaniques et qui avait pour but principal d'éviter toute cause d'incendie. 


Service de l'éclairage d'ensemble et des illuminations. 


L'éclairage d'ensemble de l'Exposition dans ses avenues, parcs et jardins (les Palais étant fermés à la tombée de la nuit) était assuré par 480 lampes à arc de la Maison Bardon et Cie, d'environ 2 500 à 3 000 bougies, à charbon minéralisé de coloration orange ou bleuâtre, suivant les effets que l'on désirait obtenir dans chaque partie spéciale du parc. 
C'est ainsi que dans les allées principales où l'on désirait une lumière très intense on avait choisi la lumière orange et que dans les parties plus calmes du parc on avait choisi la coloration bleuâtre donnant à l'œil l'impression agréable d'un beau clair de lune.
Quant aux illuminations qui avaient lieu d'une façon générale tous les dimanches et jours de fêtes, les lundis et jeudis, elles comportaient de nombreux motifs variés s'harmonisant avec l'ensemble du décor naturel des parcs et jardins et des différentes constructions qui comportaient ; le tout composé par environ 70 000 lampes de 5 et 10 bougies. 
On peut affirmer que la décoration lumineuse fut une merveille ignorée dans l'histoire des expositions. On n'en trouve la description complète * au chapitre des attractions, sous le titre " les illuminations de l'Exposition ". 
* Chapitre reproduit plus haut


Service spécial des attractions. 


Il paraît impossible de décrire l'éclairage et les illuminations sans indiquer, en même temps, les diverses attractions qui y étaient installées et qui, d'une façon générale, firent usage de force motrice, pour actionner leur machinerie ; il fut donné à leur éclairage un caractère de fête foraine, sauf dans la partie du vieux Roubaix, dont on s'attacha surtout, a silhouetter les contours, corniches et points saillants.


Exploitation. 


Le nombre des exposants et abonnés desservis fut de 350 environ, tant en éclairage qu'en force motrice, chauffage et ventilation. 
La consommation totale de courant fut prêt de 7 millions HWH, pour l'ensemble de l'Exposition, et la puissance maxima débitée pendant les heures les plus chargées (illuminations générales) furent de 2 300 kw, soit près de 3 200 HP. 
Les travaux et installations de toutes sortes s'effectuèrent sous la direction d'un ingénieur, chargé de la direction des services Electro-Mécaniques, secondé par un ingénieur, un contremaître principal et tout le personnel nécessaire. 
La surveillance et l'entretien de l'exploitation, assurés par le même personnel fût, pendant ce temps, réduit au strict minimum. 
L'ensemble de l'Exposition n'a donné lieu à aucun accident ni incident, tant pendant la période des travaux d'installation et de démontage, que pendant la période d'exploitation. 








Le Nord Illustré a publié, sous la plume d'André Rabany, un sujet consacré aux Illuminations de l'Exposition de Roubaix dans son numéro 16 du 15 août 1911. C'est cet article sur deux colonnes que reprend Gilbert Sayet dans son rapport de 1912 et que nous avons retranscrit ci-dessus.




Parmi les différentes personnalités, qui aux titres les plus divers, ont prêté à l'Exposition de Roubaix, le précieux concours d'une compétence appuyée sur le plus entier dévouement, aucune ne pourrait se vanter d'avoir fait la conquête d'une presse aussi chaleureuse aussi sympathique que le talentueux metteur en scène des merveilles électriques d'une décoration lumineuse inégalée dans l'histoire des expositions. L'hommage le plus mérité doit être rendu à ce triomphateur aussi modeste qu'organisateur hors de pair. Nous ne saurions mieux faire que de reproduire l'excellent " Curriculum vitæ " que lui a consacré dans " La Vie Flamande " notre excellent confrère M. Tristan de Pyègne : 


Ingénieur des Arts et Manufactures, M. G. Juéry, dès sa sortie de l'école centrale de Paris, fut appelé à la direction de l'une des premières stations centrales hydro-électriques de transport d'énergie à longue distance, par courants de haute tension, en Savoie et en Dauphiné. Il contribua à la prospérité d'un certain nombre d'entreprises analogues qui furent créées par la suite dans cette région et fut, à ce titre, délégué en qualité de commissaire du " Congrès de la Houille Blanche ", en 1902, congrès qui devait avoir pour résultat les divers lois et décrets réglementant les distributions d'énergie électrique en vue d'en faciliter le développement en France. 
Laissant sa première direction dans une situation des plus prospères, M. G. Juéry fut appelé à apporter ses connaissances à l'établissement d'une distribution d'énergie électrique à Marseille, pour la compagnie générale d'électricité, et c'est à l'achèvement de ces travaux qu'il fut choisi par les fondateurs de " l'Energie Electrique du Nord de la France ", pour la direction générale de l'exploitation de cette société dans notre région. 
" L'Energie du Nord " a pris, en très peu de temps, un essor considérable. Son usine de Wasquehal est une des curiosités industrielles de notre région. Installée avec le dernier souci de la mécanique moderne, elle dessert actuellement, près de 25 000 chevaux de force à plus de 450 industriels de la région de Lille, Roubaix, Tourcoing.
 Enfin, en 1910, le comité de l'exposition de Roubaix, confiée à M. G. Juéry la direction de ces services techniques en général, et notamment la direction des services électromécaniques : force motrice, électricité, gaz, eau, etc... qui doivent assurer la vitalité de l'exposition et à en faire ressortir toute la splendeur. Pour terminer, rappelons les paroles de M. Mathon, président du comité d'initiative, sur l'œuvre que M. G. Juéry est appelé à été appelé à assumer : c'est là une question de première importance et nous nous pouvions pas faire un choix d'une personne plus éclairée et plus dévouée à notre œuvre." 
Après un tel éloge tout commentaire serait superflu ! H. V.