
Gustave Dron fut à l'initiative de cette manifestation qui se déroula d'avril à septembre 1906, proche du canal, non loin du pont hydraulique, qui sera inauguré à cette occasion, dans le quartier du Flocon. Cette exposition sera également la vitrine des œuvres sociales de ce maire particulièrement attaché à lutter contre la misère sociale. L'Exposition se double d'une kermesse permanente dotée d'attractions appréciées du public populaire. Cette grande " fête réconciliatrice " après les combats politiques et les luttes religieuses de 1904 et 1905, marque le point d'orgue de la prospérité de la ville, signe pour Tourcoing d'un véritable " âge d'or " souvent décrit par les historiens locaux. Il s'agit avant tout d'une manifestation destinée à montrer que Tourcoing a terminé la mécanisation de son industrie textile et que la ville est équipée pour soutenir la concurrence étrangère. L'apogée de l'industrie textile tourquennoise se situe en effet en 1906, où l'on retrouve en ville jusqu'à 625 machines à peigner et 741 métiers à tisser le tapis. On importe la laine d'Amérique du Sud et d'Australie (150 000 tonnes de laine brute en 1906).
La superficie ne couvrait que le dixième de l'Exposition de Roubaix. On y trouvait quelques attractions comme le Water-Chute, la présence d'un ballon captif (comme au Mans en 1911), un cycliste-plongeur, des cascades et le monde merveilleux des sous-marins du aux frères Coupleux.
Comme à Roubaix il y avait un pavillon des Industries Textiles et un autre des Machines (appelée Force motrice). La participation étrangère était représentée par la Turquie. On y trouvait aussi un Kursaal pour la restauration. Le président de la République Armand Fallières, viendra visiter cette exposition, comme il le fera en 1911 pour celle de Roubaix.


Parmi les éditeurs de cartes postales, on trouve des maisons bien présentes sur le marché. Certaines nationales comme Ernest Le Deley (sigle ELD sur les cartes) qui était un éditeur parisien, connu pour ces clichés particulièrement nets, et dont les proportions sont dignes d’une œuvre d’art, et qui possédait une succursale lilloise rue Boucher de Perthes. On trouve aussi des éditeurs locaux comme Edmond Cailteux (les prénoms sont Fernand Edmond Auguste) noté EC, qui était basé 4 rue du Curé Saint-Etienne, dans le Vieux-Lille. Beaucoup de documents sont dus également à J. Bauchart qui était photographe rue du moulin à Roubaix et qui sera très présent lors de l'Exposition roubaisienne en 1911. Toutefois pour l'Exposition Internationale de Tourcoing il bénéficiera du statut de photographe officiel, en faisant apparaître la mention carte déposée.
Les cartes postales de l’Exposition ont rencontré un
grand succès, comme le rappelle ce savoureux texte publicitaire signé Jules
Watteeuw : « Tch qui veut avoir des belles cartes postales avenc l’portrait du
président et des vues d’Tourco et d’l’Expo, qui vinche à l’librairie du Broutteux,
39 rue Saint-Jacques. Y poudra aussi tcheusir des tchanchons et des
gargousettes pou li rinconter pindant les jours de fête ».
La Porte Monumentale
Vues d'ensemble
Reprenons cette citation notée dans le bulletin officiel du comité français des expositions à l'étranger à l'occasion de la réunion des jurys et comités des expositions universelles en décembre 1906 : " Dans cette ville de travail intense, où patrons et ouvriers sont à la besogne du matin au soir, où les plaisirs sont rares ; dans cette ville essentiellement calme où l'on entend que le bruit des métiers le ronflement des machines, le maire, M. Gustave Dron, résolut d'affirmer, de son côté, la puissance industrielle de Tourcoing, et l'étonnante vitalité de la région. "
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Au premier plan la rampe du cycliste plongeur |
Le Water Chute
Le Water Chute, qui ressemble en quelque sorte à l'ancêtre de notre Splash, constitue une animation remarquée. Cette descente de 15 mètres de haut dans une barquette qui amerrit sur un plan d'eau qu'elle traverse par 2 ou 3 ricochets, ne peut que garantir des émotions fortes pour les passagers de la barque, à la grande joie des spectateurs installés autour du bassin ! Deux barques peuvent circuler conjointement.
Le Restaurant du Water Chute
Le Ballon captif
C'était tous les jours ducasse pour les visiteurs de l'exposition ! Parmi les nombreuses attractions proposées, il y a le ballon captif dont l'ascension à 300 mètres permettait de découvrir une vue aérienne de Tourcoing et de la région. On a aussi noté un château du diable et un tire-bouchon.
Le Cycliste-plongeur
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Cette photographie de Jacques Bauchart, nous montre le cycliste-plongeur en pleine action |
Le Tire-bouchon
Le
Tire-bouchon était en fait un toboggan, cette attraction sera déclinée
d'une autre façon à l'Exposition de Roubaix sous la forme d'un Joyeux
Moulin. A droite une enseigne des Pipes Brever.
Les Ânes Touristes
Les Grandes Eaux et cascades
Fêtes de nuit
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Le Palais des Industries Diverses
Le Palais des Industries Textiles
Voici comment le décrit un visiteur : " Le Palais des Industries Textiles et l'un des bâtiments les plus imposants de l'exposition. Il s'apparente à un décor de théâtre comme en témoigne la décoration de sa façade de style Louis XVI, surchargée de guirlandes et écussons fleuronnés, surmontée d'un imposant dôme qui couronne une entrée formée d'un porche en plein cintre. A l'intérieur le stuc et autres splendeurs éphémères triomphent. A gauche de l'entrée, une salle d'honneur veut rappeler les salons de Versailles, et à droite, une exposition de mobilier d'art, de bronzes et de céramiques occupe l'espace. Puis vient le hall des industries textiles ou le fonctionnement des métiers est exposé : secteur des fils et tissus, des tapis, section spéciale Belgique et Turquie, secteur du luxe parisien, stands réservés aux installations sanitaires et à l'hygiène sociale se succèdent. "
Les Kiosques
Durant les 6 mois de l'exposition, une suite de concerts est organisée pour les visiteurs dans l'enceinte même de cette manifestation. Deux kiosques sont installés à cet effet. C'est au kiosque principal qu'eut lieu une prestation de la Garde Républicaine qui fit grande impression sur le public et constitua le point culminant des événements musicaux.
Le Kursaal
Il s'agit d'un établissement de restauration
Les Voyages sous-marins
L'attraction la plus spectaculaire de l'Exposition de Tourcoing était sans nul doute celle dite des Voyages sous-marins. Olivier Coupleux nous explique l'histoire de sa famille :
« La maison Coupleux a vu le jour à Tourcoing sous la forme d'un modeste atelier d'horlogerie. En août 1900, le décès de Pierre Coupleux, le fondateur, laisse ses trois fils aînés seuls maîtres à bord... » Portés par l'enthousiasme de leurs vingt ans, grands amateurs de musique et fascinés par les techniques nouvellement mises à disposition du divertissement populaire, les frères Coupleux élargissent le domaine de compétence de l'entreprise. Mêlant le savoir-faire de l'horlogerie et de la facture instrumentale, ils fabriquent des boîtes à musique, des phonographes, des appareils à illusion d'optique et des cinématographes. C'est en équipant les forains montreurs d'images de la région lilloise qu'ils participent aux débuts du cinéma. José Barbieux, conservateur du musée d'histoire locale de Tourcoing, nous parle de cet âge d'or de la région : « Il y avait plus de mille cheminées qui crachaient une fumée noire ; toutes les usines tournaient à plein régime (...) Tourcoing était la capitale mondiale de la laine. » A la grande exposition internationale des industries textiles , qui a lieu à Tourcoing en 1906, les Coupleux imaginent un gigantesque carrousel faisant circuler à fleur d'eau des wagons futuristes en créant l'illusion d'une immersion réelle. L'attraction laisse plus de souvenirs aux Tourquennois que l'exposition elle-même !
Le Palais de l'Alimentation
Le Palais de l'Electricité
Le Pavillon des Concours et Congrès
Le pavillon de la Turquie et le pavillon des Fils et Tissus
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Sur cette vue le Pavillon de la Turquie est sur la droite, au centre le Pavillon des Fils et Tissus |
La Brasserie de la Meuse ou Brasserie Reynaert
Au milieu des esplanades sont disséminés de petits pavillons à l'architecture digne de pâtisseries comme cette Brasserie la Meuse ! Tous les délires architecturaux de l'époque 1900 s'y épanouissent : arcs outrepassés, dômes mouvementés, colonnes byzantines ou corinthiennes, marquises en éventail…
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Cette vue un peu plus reculée que les précédentes permet de découvrir, à gauche, l'angle du pavillon du chocolat Delespaul Havez. |
La Brasserie Internationale
Autres pavillons
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Comme on le retrouvera dans le Village Flamand à Roubaix, une Laiterie et un pigeonnier sont déjà présents à l'Exposition de Tourcoing |
Les pigeons apprivoisés
Le Palais des Ateliers Mécaniques
Vues intérieures
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Cette vue est très intéressante à comparer avec celle de l'Exposition de Roubaix. |
L'intérieur du Palais des Machines
Le rallye Paris Tourcoing
Autour de l'exposition, les initiatives se multiplièrent. Nord-Touriste et l'Automobile Club organiseront une course de véhicules utilitaires de Paris à Tourcoing, entre 6 et le 12 juin 1906. Le camion Prunel, présenté sur la place Victor Hassebroucq, arrivera 5 fois premier et 1 fois deuxième.
La Grande Fête Cycliste Internationale
La XXXIIe Fête Fédérale de la Gymnastique
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Le président de la République Armand Fallières viendra inaugurer la 32e fête fédérale de la Gymnastique le 5 juin 1906. |
La visite du Président Armand Fallières, le 5 juin 1906
Georges Robert écrit dans l'avenir de Roubaix Tourcoing du 3 juin 1906. " M. Fallières a bien voulu consentir à présider à l'inauguration de l'exposition de Tourcoing il a fallu pour le décider toute la ténacité les démarches pressantes et réitérées de M. Dron ".
Cette visite est d'autant plus mémorable qu'elle constitue le premier voyage officiel du Président de la République Armand Fallières, élu peu de temps auparavant, le 17 février 1906. Le 5 juin 1906 accompagné de plusieurs ministres dont Georges Clémenceau, le président arrive en train et débute la visite qui le mènera de l'hôtel de ville à l'hôpital civil où l'on ne me manque pas de détailler devant lui les différentes actions menées en faveur des mères, des malades et convalescents.
Puis le cortège se rend l'exposition ou Armand Fallières s'attarde spécialement devant le stand des couturiers parisiens et des fourreurs. Enfin il assiste à la 32e fête fédérale de gymnastique avant de terminer la journée par un dernier banquet à la mairie où il remet au maire la médaille d'or de l'Assistance Publique.
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Ci-dessus le Président de la République Armand Fallières devant le stand de la maison Dufossez-Allard et ci-dessous au milieu de la foule en présence de Georges Clemenceau. |
L'Exposition d'Art Ancien et Moderne
Cette exposition se déroula à cheval sur l'Exposition Internationale entre juillet et octobre 1906.
Souvenirs de l'Exposition
Terminons par cette citation de Gustave Dron, un an avant l'ouverture, le 8 avril 1905 :
Cette manifestation qui réunira les différentes branches de nos centres producteurs de fils et de tissus, se complète par un programme approprié aux nécessités économiques et industrielles de nos contrées. (...) Mais nous ne nous pouvions pas oublier ce qui doit être la parure morale de cette exposition, l'économie sociale et ses institutions bienfaisantes, l'hygiène sociale et ses lois sanitaires.